The Burton Blog

Histoire du cancer de Kimmy Fasani

by Kimmy Fasani

Les yeux fermés, je visualise la neige à flanc de montagne qui crépite sous mes pieds. Ma voix intérieure me chuchote : « Tourne à gauche, tourne à droite, regarde en arrière, évite les bourbiers… » Je respire profondément. J'entends le cœur de la montagne battre tout autour de moi. Elle est puissante. Imposante. Mais, malgré l’intensité ambiante, je reste calme. La voix en provenance de ma radio me fait sursauter, « L’équipe de tournage est prête, c’est à toi de jouer ! Amuse-toi bien Kimmy ! » Je ferme les yeux, pour vérifier à nouveau que je sais exactement de quelle façon je vais rider en toute sécurité, ce sommet imposant d'Alaska. Je connais ce manteau neigeux grâce aux nombreux cours de préparation aux avalanches AIARE que j'ai suivis. Je me sens prête. Je vérifie mes sangles de fixation. J'ajuste mes gants et mon sac à dos. Je repositionne légèrement mon masque. Je réponds par radio, « Descente dans 5 secondes… », puis je compte en silence : 5, 4, 3, 2… et dans une profonde respiration, je dis… « Je descends ». En amorçant les virages, je me sens connectée, en sécurité, j'ai le contrôle et je sais que je me trouve exactement là où je suis censée être.

La montagne, mon lieu de prédilection.

Ce processus de visualisation et de vérification de mes capacités est celui que j'ai suivi des centaines, voire des milliers de fois, tout au long de ma carrière de snowboardeuse. Visualiser. Respirer. Se connecter à l’instant présent. Se laisser porter par l’environnement. Se faire confiance. Et plus important que tout, je m'assure que je me sens capable et que je sais à quoi m'attendre en ridant des montagnes imposantes.

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À la fin du mois du novembre 2021, je me tenais nue dans la salle de bains, en train d'effectuer un auto-examen de ma poitrine devant le miroir. Mon mari, Chris Benchetler, se tenait à côté de moi. C'est en pressant doucement ma poitrine et sous l'aisselle droite que j'ai senti une bosse dure, de la taille d'un poids, sous mon bras droit. J'ai fait sentir la bosse à mon mari et nous avons immédiatement su qu'il était temps que j'appelle mon médecin. Je savais à quoi ma poitrine était censée ressembler, et cette bosse m'a envoyé un signal d'alarme. Je savais que quelque chose n'allait pas.

Mon sein droit a toujours été plus gros, et durant la période post-partum de mon deuxième enfant, des canaux lactifères se sont obstrués de ce côté. J'avais développé un fibroadénome dense au niveau de mon sein droit, sept mois avant cet instant devant le miroir. Mais, comme il est courant que l’allaitement modifie la densité mammaire, j'avais assimilé cette bosse au fibroadénome. Cette bosse ne ressemblait pas à ce que j'avais appris dans l'examination de recherche d'un cancer du sein. Malgré mon engagement comme ambassadrice du Boarding for Breast Cancer, j'avais fait de cette bosse une exception. Pourtant, réalisant régulièrement moi-même des examens de routine, je savais que la bosse au niveau de mon aisselle était nouvelle.

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Mon médecin a ressenti l'urgence de la situation et m'a fait venir dès le lendemain. En toute ironie, le Dr Olson, un chirurgien du sein du Scripps MD Anderson Cancer Center à La Jolla, en Californie, travaillait à Bishop, en Californie. Et mon médecin a pu m’intégrer à son emploi du temps. J'ai passé une mammographie et une échographie, puis j'ai rencontré le Dr Olson pour un examen physique. Elle était convaincue que ce qu'elle voyait était un cancer inflammatoire du sein (CIS). L'un des indicateurs principaux étant : un sein légèrement rouge, gonflé, présentant une masse notable, un ganglion lymphatique enflé, et une apparence de peau d'orange lors de la pression de la peau. Le lendemain, j'ai effectué plusieurs biopsies et nous avons reçu les résultats de la pathologie confirmant mon diagnostic de CIS de stade III.

En trois jours seulement, ma vie venait de prendre un virage à 180. Je suis une femme de 38 ans, active et en bonne santé, qui fait très attention à sa façon de se nourrir. Le cancer n’en a eu que faire. J'ai rapidement débuté un traitement agressif comprenant 6 cycles de chimiothérapie, une double mastectomie et 30 cycles de radiothérapie.

Comme je l'ai évoqué précédemment, la montagne a toujours été mon lieu de prédilection, mais, en raison du rythme rapide avec lequel je devais recevoir les soins, j'ai à peine eu le temps, ou l'énergie, de monter sur ma planche de snowboard la saison dernière. J’ai senti la dépression m’envahir.

Je n’étais plus moi-même.

Mon mari a pu constater à quel point j'avais désespérément besoin de remonter sur mon snowboard et retrouver la montagne avant la fin de la saison, comme un coup de pouce mental nécessaire, avant le début de la chirurgie et de la radiothérapie. Il s'est secrètement rapproché de Donna Carpenter, l'équipe de Burton, et Jeff Pensiero, le propriétaire de Baldface Lodge, pour me préparer une surprise incroyable.

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À la fin de ma chimiothérapie, fin mars 2022, ma famille et moi, ainsi que ma belle-mère, avons été transportés au Baldface Lodge en Colombie-Britannique. J'étais sous le choc et tellement heureuse lorsque j'ai réalisé que nous nous rendions dans ce paradis hivernal. Le jour de notre arrivée, il neigeait de gros flocons blancs. Mes deux enfants étaient assis devant moi, sur le canapé, s'extasiant de ce paysage magique d'arbres enneigés. En entrant dans la salle à manger, nous nous sommes retrouvés entourés de visages amicaux et de coéquipiers : Danny Davis, Kelly Clark, Anna Gasser, Zoi Sadowski-Synnott, Mark McMorris et Ayumu Hirano, ainsi que de nombreux autres snowboarders incroyablement talentueux, membres de l'équipe Burton.

Ce voyage était une célébration pour les athlètes olympiques, et d'une manière ou d'une autre, par la grâce de la famille Burton et le soutien de Jeff Pensiero, nous avons obtenu ces sièges revitalisants avec eux. Dès que je me suis attaché, j'ai senti une énergie électrique et épanouissante se répandre dans mon corps et mon esprit. J'étais là où j'avais envie d'être, et c'était le dépotoir. Des descentes en poudreuse en avril, dans cet environnement paisible niché à l'intérieur de la Colombie-Britannique, c'était exactement l'évasion dont j'avais besoin. Lorsque nous sommes rentrés à la maison, j'étais pleine d'énergie et j'ai reçu le coup de pouce mental dont j'avais besoin pour terminer mes traitements.

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10 mois après mon diagnostic, je réalise maintenant que cet auto-examen de la poitrine m'a sauvé la vie ! Tout en constatant que ce voyage à Baldface et mes retrouvailles avec les montagnes, m'ont montré à quel point une connexion avec la nature peut être importante pour la guérison. Pour le moment, j'en ai fini avec les traitements et ma guérison est portée par le soutien de ma famille, de Burton et de la nature. À tel point que Chris et moi avons décidé de créer une fondation visant à aider les personnes, traversant des situations similaires, à guérir en renouant avec la nature. Apprenez-en davantage sur la Fondation Benchetler Fasani et comment vous engager.

Et aujourd'hui, si vous éprouvez des difficultés ou avez besoin de guérir, plongez-vous en pleine nature et reconnectez-vous. Il n’existe pas de meilleur traitement pour le corps et l’esprit. Enfin et surtout, auto-examinez-vous en montagne, comme à la maison.


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